Abbaye de Beauport - Paimpol - Bretagne
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Voir Beauport et mourir ! Ce coin de mer et de terre bretonne m'émeut à chaque visite. J'aimerais y prendre racine. Le sentiment de sérénité qui flotte dans l'air est exacerbé lorsque l'on rentre dans le cloître, que les bruits extérieurs n'atteignent pas. Les visiteurs, surpris par cette ambiance, chuchotent et se déplacent doucement ; c'est étonnant à capter. De l'église à la façade maritime des jardins, c'est une balade dont l'on se souvient.
Le domaine de Beauport s'étend sur près de 120 hectares et comporte l'abbaye, un ensemble monastique remarquablement conservé, un verger conservatoire et des jardins qui favorisent la biodiversité. L'endroit s'ancre sur la grève en face de l'archipel de Bréhat et incite à la rêverie et au plaisir de flâner.
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Au 13ème siècle, les chanoines réguliers de Prémontré, venus de l'abbaye de la Sainte Trinité de la Lucerne en Normandie, s'installent sur le site à la demande du comte Alain de Goëlo. Ils trouvent que le lieu est un « beau port » pour y vivre, travailler la terre et commercer entre bois et mer. Une bulle papale de 1203 leur accorde privilèges et autorisation de construire les bâtiments, « pour desservir les paroisses ceux de ces religieux qui connaissent la langue du pays ».
Pendant 500 ans jusqu'à la révolution française, ils vont façonner cet environnement selon leur règle monastique pour le rendre productif et organiser la gestion des paroisses dépendantes de leur juridiction spirituelle, ce jusqu'en Angleterre. Ouverte sur le monde grâce au statut de chanoine de ses fondateurs, riche, ambitieuse et indépendante avant de connaître des revers de fortune à partir du XVI siècle, l'abbaye marquera fortement son territoire.
Le domaine est fermé en 1790, vendu comme bien national. Louis Morand, l'instigateur de la pêche en Islande à Paimpol, en acheta une partie en 1797. Le reste devint la propriété de la commune de Kérity. Les bâtiments deviennent alors salpêtrière, étable, mairie, appartements bourgeois, école et cidrerie.
Le domaine est classé monument historique en 1862 grâce à l'intervention de Prosper Mérimée et du comte Poninski (propriétaire des bâtiments en 1845), ce qui mettra fin au pillage dont il est victime.
L'abbaye est maintenant propriété du conservatoire du littoral et du conseil général des Côtes d'Armor depuis 1992.
•L'église est construite au sud du cloître. Il en reste la façade, la nef à ciel ouvert, le bas-côté nord et le bras gauche du transept. Plusieurs gisants occupent encore la chapelle : celui de Pierre Huet, premier abbé mitré, celui d'un seigneur de Kergosou et sa femme et celui du comte et de la comtesse Ponenski, derniers entrés. L'on y aperçoit aussi une pierre tombale gravée d'une épée.
•Les réfectoires et les celliers se trouvent au nord, à l'opposé des besoins spirituels. La grande salle est ouverte sur la mer par des baies, en plein cintre sur la mer, en arc brisé sur le cloître. Le cellier situé sous le réfectoire présente des voûtes d'arêtes supportées par huit puissantes colonnes de granit.
•A l'ouest, on pénètre dans la cour basse sur laquelle donnent le bâtiment du Duc, une vaste hôtellerie destinée à l'accueil des pèlerins. Vient l'aumônerie dans laquelle les moines recevaient l'impôt sur le sel et les grains, puis par la salle des hôtes à deux nefs, devenue salle d'accueil et d'information du public.
•L'aile des chanoines accueille les pièces réservées aux religieux, sans aucun contact avec l'extérieur.
Le jardin clos laisse admirer le frêne centenaire et le verger conservatoire d'espèces rares, riche en biodiversité.